Cela a marqué la France entière. Entre 2007 et 2010, France Telecom a entrepris une transformation « à marche forcée ». Le but était de forcer les salariés à changer de poste, à changer de métier, ou carrément à quitter l’entreprise, en utilisant des méthodes qui ont abouti « à déstabiliser les salariés et à créer un climat professionnel anxiogène ». Ce sont les termes mêmes du tribunal correctionnel de Paris en décembre 2019. Sur la période, dix-neuf salariés s’étaient donné la mort en accusant l’entreprise…
Ces choses-là n’arrivent pas que chez les autres ! C’est la raison pour laquelle, le 19 novembre dernier, les quatre OS d’Ardenne Métropole ont voulu ensemble attirer l’attention du Président d’Ardenne Métropole sur les « méthodes de management de plus en plus discutables à la Communauté d’agglomération mises en oeuvre de plus en plus brutalement par la directrice des ressources humaines« .
Car un « climat anxiogène », c’est exactement ce que subissent la plupart des agents de la direction des ressources (humaines) depuis des mois. Et ce n’est pas à cause du Covid-19 ! Ni à cause de la cyber-attaque ! Ce qu’ils ont à affronter quotidiennement est bien pire.
Un autre agent : « Je télétravaille autant que possible, quand on m’y autorise, pas à cause du Covid mais à cause de la peur que j’éprouve maintenant lorsque je vais au bureau… »
Voilà le genre de témoignages, pas du tout isolés, que les agents RH expriment aujourd’hui quand ils se sentent assez en confiance pour parler ! Ils sont de plus en plus nombreux à ne plus parvenir à taire leurs conditions de travail quand ils rentrent chez eux le soir : il faut qu’ils parlent, qu’ils se libèrent, que la peur sorte…
Mais, pour certaines, cela ne suffit même plus : quand l’angoisse du jour a pu être verbalisée, ou extériorisée par des pleurs, elle est remplacée aussitôt par l’angoisse du lendemain, par la peur d’y retourner… Et quid de l’agent qui est seul ? Qui n’a personne (ou que ses enfants) à qui parler ?..
Le but de la directrice RH est affiché. Soutenue par le Dgs, elle ne s’en cache pas : faire partir de la direction le plus d’agents possible ! Pour cela, elle a instauré un climat de travail tel que les agents finiront par accepter n’importe quelle autre affectation pour y échapper (comme celle qui vient d’être imposée avec une grande violence il y a dix jours à un agent, et qui sert d’avertissement à tous les autres !)
Les procédés mis en œuvre font clairement partie de la maltraitance volontaire.
Il y a les déplacements ou les changements de fonctions du soir au lendemain. Les agents en tombent malades, vont chez leur médecin qui, au vu de leur état psychologique, les met à l’arrêt. Les changements sont soudains, brutaux, sans préparation (surtout pas !), sans accompagnement évidemment. Ces mesures sont mises en œuvre sciemment, en toute connaissance des conséquences possibles sur les agents (leur auteure qui se présente comme une experte de la « qualité de vie au travail » sait donc parfaitement ce qu’elle fait).
Il y a les humiliations. Comme cette collègue en fin de carrière à qui la directrice annonce qu’elle va lui flanquer une apprentie pour que l’apprentie lui apprenne à travailler !!!
Il y a les brimades. « Qu’est-ce que c’est que tous ces micro-ondes , débarrassez-moi ça ! » « Qu’est-ce que c’est que ces fenêtres ouvertes ? Fermez-moi ça ! » (Depuis elle a fait condamner toutes les possibilités d’ouvrir horizontalement les fenêtres) ! » Tiens, vous venez manger tard aujourd’hui, d’habitude vous quittez votre service bien plus tôt… » … « Profitez bien du confort, ça ne va pas durer ! »
Il y a les menaces. « Chaque N+1 devra m’en désigner deux à muter ailleurs. » ou encore « Il y a des têtes qui vont sauter au 1er janvier 2021 dans la nouvelle organisation ! »
Il y a le dédain et le mépris. A travers cette transparence totale du vitrage : je passe dans le couloir et je ne vous regarde même pas, je ne vous salue pas, vous n’existez pas… Je suis là pour vous donner des ordres, et vous, pour les exécuter ! Autant de fois que j’en changerai…
Et puis il y a la peur quotidienne. Pesante. De chaque instant. Chaque matin beaucoup d’agents vont au travail « la boule au ventre« . Aujourd’hui, ce sera peut-être » mon tour » ? « Pourvu que je ne la croise pas en arrivant … » Des pleurs quotidiens ou presque. Des arrêts maladie en pagaille. Un agent « exfiltré » de la DRH, confiné sans travail dans un bureau hors de la direction (le même agent que le DGS avait chaleureusement félicité et souhaité de bonnes vacances par UNE NOTE DE SERVICE à tout le personnel en raison, écrivait-il, de la qualité de son intérim de dRH en 2019 !!!)
Et il y a bien sûr le « diviser pour régner ». Avec quelques unes ou quelques uns, celles et ceux qui ont été « choisis » pour faire partie du petit clan des supporters. Et qui espèrent bien en tirer quelque bénéfice en retour un de ces jours. C’est classique. Ceux-là bien sûr chantent les louanges de leur cheffe.
Tout au long de l’année nous avons tenté de maintenir un dialogue avec la direction générale, autant que la situation le permettait. Mais, quel que soit le sujet, nous nous heurtons à deux murs qui pour le coup n’ont plus d’oreille.
Le président d’Ardenne Métropole vient de répondre favorablement à la demande de rencontre formulée par les syndicats. Nous lui ferons part en direct de la gravité de la situation.
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