Comme beaucoup d’autres collectivités, la Ville de Charleville-Mézières connaît des difficultés budgétaires (deux années de covid, les coûts de l’énergie, une inflation qui se généralise…).
La question est donc : jusqu’à quand les habitants pourront-ils supporter ces charges croissantes ou devront-ils accepter de se passer des services essentiels que la Ville assure ? Car ce sont bien les habitants qui sont au cœur de cette problématique. Les services publics n’ont de sens que par rapport aux usagers. L’emploi public n’est pas un but, il n’est qu’un moyen.
La réponse est évidemment NON. Non la population carolomacérienne ne pourra pas supporter des charges croissantes (les habitants qui ont encore un peu de moyens ou un travail finiraient par quitter le territoire carolo, et la Ville continuerait de s’appauvrir). Non la population (dont la majorité n’est déjà pas super fortunée) ne peut pas non plus se passer de services essentiels.
Il n’y a donc pas de miracle : un examen des dépenses est incontournable. La vente de nombreux biens immobiliers montre que l’examen a commencé…
On le sait, parmi les dépenses les plus lourdes, il y a les charges de personnel.
Comment agir sur les dépenses de personnel en préservant les services essentiels à la population MAIS sans dégrader les conditions de travail et les rémunérations du personnel ET sans alourdir les dépenses qui pèsent sur la population (impôts, taxes, redevances) ?
Le Conseil municipal a affirmé dernièrement qu’il allait systématiser le non-remplacement des départs à la retraite.
D’abord, disons tout de suite que ce n’est pas une nouveauté ! Il y a déjà longtemps que des départs ne sont pas remplacés. Mais la mesure deviendrait systématique.
Est-ce vraiment une piste pour agir INTELLIGEMMENT et EFFICACEMENT sur les dépenses de personnel ?
Il y a deux réponses à cette question, en fonction des moyens qu’on se donne
1/ S’il s’agit de faire des économies AVEUGLEMENT et MECANIQUEMENT, sans aucune considération pour le fonctionnement des services où les départs auront lieu : la réponse est évidemment NON, ce n’est pas une réponse intelligente et efficace !
C’est trop souvent ce qui est arrivé jusqu’ici et les services directs à la population s’en trouvent dégradés ici ou là. Le personnel restant ne peut pas supporter des charges supplémentaires. Et ce n’est pas à lui d’assumer les conséquences ni de la crise générale (il la supporte déjà dans sa vie quotidienne personnelle) ni celles de la gestion municipale.
Et si c’est pour faire compléter l’insuffisance des services par le recours à la privatisation larvée, ce que les habitants ne paieront pas d’un côté ils le paieront de l’autre (avec l’égalité en moins).
2/ MAIS s’il s’agit de changer la pratique actuelle du non-remplacement des départs à la retraite pour aller vers une gestion fine des moyens des services, et non à l’aveugle, la réponse peut être différente.
Mais pour cela les élus doivent identifier avec la population et annoncer au personnel les services à maintenir, ceux à développer et même les nouveaux services à mettre en place. En parallèle, ils doivent identifier et annoncer au personnel les services auxquels la population accorde moins d’importance (en évitant que des agents apprennent dans la presse ou le bulletin municipal que leur service sera supprimé !).
Ils doivent aussi mettre en œuvre une concertation directe avec le personnel qui a souvent des idées qui restent inexploitées. Une concertation directe car l’abstention aux dernières élections professionnelles montre une fois de plus que le système actuel de représentation est à bout de souffle, comme nous l’avons déjà écrit. La plupart des représentants sont dans l’incapacité de faire remonter les propositions des agents. Ou d’en faire eux-mêmes pour certains.
C’est donc un véritable travail de concertation quotidienne avec les agents qui est nécessaire et auquel l’encadrement doit être sérieusement formé et accompagné.
Evidemment, il faudrait (enfin) rendre opérationnelle la gestion du personnel (la fameuse gestion prévisionnelle) en termes de mobilité volontaire, et donc de formation professionnelle. Précisons à cet égard qu’hormis pour les agents qui posent régulièrement des problèmes (il y en a évidemment quelques-uns…) il n’y a pas de politique de mobilité forcée, contrairement à ce qu’on entend dire parfois.
Et il faudrait AUSSI (surtout) donner aux agents DES PERSPECTIVES de carrière et de rémunération dans des parcours professionnels négociés.
Car si le choix politique local, certes en partie contraint par la situation générale, est d’avoir moins d’agents publics municipaux il faudra que les agents qui restent y trouvent aussi leur compte ! Tout comme les usagers.
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