A peine arrivée à l’été 2019, la directrice RH a livré aux organisations syndicales un diagnostic sans appel : le nombre d’agents employés en DRH était une véritable aberration ! Selon elle, 40 personnes était un nombre beaucoup trop élevé pour gérer les 2.000 agents des trois collectivités ! (Ville et Ccas de Charleville-Mézières et Ardenne Métropole la communauté d’agglomération)
Or, en septembre 2020, un an plus tard, sous sa direction, les effectifs permanents de la DRH ont augmenté de 20% ! (47 agents permanents : hors contractuels recrutés pour réparer la cyber-attaque et hors stages et apprentie Rh; si on intègre ces agents on dépasse les 60 personnes).
Aucune autre direction de l’Agglo n’a bénéficié d’autant de bienveillance budgétaire depuis longtemps et en si peu de temps. Cela devrait réjouir les représentants du personnel.
Or cela ne nous réjouit pas. Pourquoi ?
Parce qu’à chaque proposition de créations d’emplois ou de recrutements supplémentaires en RH, les OS ont droit à des discours formatés pour une politique RH sans boussole fondée sur des diagnostics sommaires et des préjugés.
Derrière une totale imprécision des motifs régulièrement mis en avant (« la nécessité de nouvelles expertises » mais lesquelles ?, « la transformation de nombreux métiers » oui mais lesquels ?, « l’accompagnement des agents« …ah bon où ça ?…), derrière un vocabulaire « métier » destiné à « professionnaliser » un discours et à donner du « crédit » à son auteur(e)… finit par apparaître une réalité : l’incohérence entre les discours et le management qui conduit au constat que les méthodes mises en œuvre génèrent davantage de difficultés que de progrès pour l’ensemble des services des trois collectivités.
C’est encore le même laïus qui nous a été « servi » au Comité technique du 13 novembre dernier … pour justifier la création de cinq emplois supplémentaires de contractuels de catégorie A en DRH pour des durées de 3 à 6 ans !!! Avec ces nouveaux emplois, les effectifs de la DRH monteraient à 52 agents, soit + 30% en un an ! Qui dit mieux ?
Ce discours de façade, non seulement s’essouffle, mais sa répétition donne à la plupart des interlocuteurs de la dRH une certitude : la dRH ne sait toujours pas où aller en matière de gestion du personnel.
C’est contre ce vide (MAIS pour une politique du personnel connue et cohérente) que les OS viennent de s’exprimer en votant contre ces nouvelles demandes de la DRH.
Recrutements, formations, avancements, règles de mobilité interne, discipline, rémunérations, évolution de la masse salariale… aucun de ces domaines n’a fait l’objet d’un diagnostic sérieux ni d’une seule proposition durable depuis un an. C’est la posture de commandement au doigt mouillé, avec une pléthore de jugements négatifs sur les agents et sur les cadres – dont les affectations et les changements d’affectations se font selon les humeurs du tandem directorial.
Qu’il manque ici ou là une compétence particulière en RH, soit… sauf que là, ce n’est pas UNE compétence particulière pour compléter la DRH qui était demandée… MAIS 5 emplois de cadres de catégorie A couvrant pratiquement tout le champ des ressources humaines ! Il n’ y aurait donc actuellement aucune compétence existante en DRH et il faudrait toutes aller les chercher à l’extérieur ? Aucun agent ni cadre actuel ne pourrait donc être formé ?
Mais, lorsque tous ces nouveaux cadres auront été recrutés, que va faire la directrice RH ? Le DGS l’officialisera comme DGA ?
C’est contre cette marche dans le brouillard que les OS se sont prononcées. Si avancer dans le brouillard ne gêne pas les élus et qu’ils votent ces nouvelles créations d’emplois les yeux fermés, ça les regarde. Mais tout discours futur sur une gestion attentive à la réalité des besoins et à la clarté des objectifs ne sera plus crédible de leur part tant que la DRH n’aura pas d’abord proposé une politique du personnel cohérente annonçant des objectifs clairs !
Car la nature (et nous aussi) a horreur du vide.
Les OS ont depuis un an constaté que la dRH n’avait guère de considération pour le personnel carolo et communautaire. Son plan (validé par qui, à part le DGS ?) sur quelques années consiste donc en une vaste opération de remplacement des agents en poste par de la main d’œuvre soi-disant plus « compétente« , plus « adaptable« (chacun comprendra le sens à donner à ce mot ici).
Cette opération suppose dans un premier temps (pour éviter des ruptures d’activités) de gonfler fortement les effectifs RH avec cette main d’œuvre de nouveaux recrutés bien malléables (sous contrats), lesquels seront ensuite chargés d’entreprendre un grand « ménage » communautaire à coups d’indicateurs, de redéploiements, d’évaluations multiples. Les derniers agents RH qui auront tenu le coup sous la férule actuelle finiront par partir dans d’autres services, volontairement ou plus probablement forcés de le faire.
Cette méthode conduit de fait à la pire des politiques : celle qui ne dit jamais son nom, qui n’a jamais été débattue ni même exposée démocratiquement. Car si aucun élu n’oserait dire publiquement qu’il a décidé de « faire le ménage« , ni qu’il considère le personnel en place comme « incompétent » et « inefficace« , ni qu’il approuve la multiplication des contractuels aux ordres, non pérennisables et jetables à tout moment, certains élus pourraient bien être tentés de laisser faire cette politique détestable.
Cette politique n’exige aucune compétence du ou de la dRH, il ou elle n’a pas besoin de faire de la prospective, pas besoin d’assurer de la cohérence, pas besoin de construire sur le long terme… On se met au rythme de la comm’ et de l’air du temps, pas au rythme de l’intérêt général. Quand il faut changer : on change les hommes et les femmes qui travaillent ! On les met ailleurs. Sur d’autres emplois. Ou dans des placards déguisés. Et s’ils sont sous contrat de projet, c’est encore plus simple : on met fin au contrat. Pour ce type de dRH une seule compétence est requise : savoir vendre cette politique… aux élus, aux syndicats, aux cadres, aux agents.
Ne faut-il pas faire preuve d’un grand cynisme pour mettre en place une telle méthode et tenir « en même temps » des propos de miel sur la « bienveillance« , sur « la qualité de vie au travail« , sur « l’accompagnement des agents » ? Assurément : il faut être un cynique accompli.
Depuis un an, les OS d’Ardenne Métropole ont pris le temps de l’observation, elles ont cherché (en vain) à nouer, et à renouer à plusieurs reprises, un dialogue social constructif avec le duo de direction. Mais elles n’ont eu comme réponse que des échanges sans aucune suite concrète. Pratiquant la disponibilité et la porte ouverte, le directeur général des services ne considère pas néanmoins le dialogue comme une ressource mais comme un obstacle à ses projets, et il met en œuvre in fine son unique point de vue. Pour ce qui nous concerne nous sommes plutôt dans la culture de l’intelligence collective et du compromis. Ce n’est pas la culture du tandem de direction qui ne cherche pas le compromis et lui préfère les marches forcées.
Par ce vote spontané et unanime en CT contre ces nouvelles créations d’emplois supplémentaires en DRH, les OS d’Ardenne Métropole viennent donc de dire clairement au Président qu’elles ne veulent plus de cette dérive d’orientations et de management des Ressources humaines depuis un an.
Nous reviendrons prochainement sur la posture de la dRH par rapport à la mutualisation. Un autre aspect de l’orientation actuelle qui n’est pas davantage acceptable.
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